FESTIVAL DE CINEMA DE NADOR AU MAROC : UN FESTIVAL D'OR DANS UNE VILLE LUMINEUSE
NADOR :
CAPITALE MAROCAINE
DU CINEMA MEDITERRANEEN
Abdesslam Bouteyeb
Nador est cette ville au Nord - Est du Maroc, dans la région du Rif, à quelques coups de volant d’Oujda, à la frontière avec l’Algérie, pont reliant, par sa situation géographique dominante, et son Histoire, à l’Europe dans ce vaste pourtour méditerranéen, en cours de rénovation et de réaménagement et en passe de devenir une grande capitale régionale dans cette partie du pays. Une nouvelle ville balnéaire.
C’est dans cette ville fort animée, à la population fort chaleureuse et accueillante, qu’a eu lieu, du 5 au 10 mai 2014, pour la 3è année consécutive, sous l’initiative et l’attention de Monsieur Abdesslam Bouteyeb à la tête d’un Centre actif, le Centre de la Mémoire commune pour la Démocratie et la Paix, un Festival de cinéma très varié et attractif par la diversité et l’éclectisme de sa programmation, le Festival International de « cinéma et mémoire commune", placé cette année sous le thème : la Méditerranée en question.
On a pu y découvrir des films et des documentaires signés par des réalisateurs et réalisatrices provenant de pays aussi divers que la Tunisie, la Turquie, l’Italie, l’Espagne ou la France. Une quinzaine de films ont été projetés. Tous aussi attrayants les uns que les autres, tout en apportant, chacun sa part d’originalité et sa part de créativité. Un point commun à ce programme dense : la jeunesse des oeuvres projetées. Jeunesse par les auteurs de ces oeuvres. Jeunesse des personnages. Personnages tenaillés entre passé et avenir, questionnant le présent.
Mot d’ordre de ce festival : échanger. Méditerranée, mer de cultures, mais aussi, terre d’échange et de dialogue. C’est ce que chaque invité au Festival de cinéma de Nador a ressenti tout au long de cette manifestation et l’a communiqué au public dans une ambiance de fraternité semblable à celle du Maroc. A l’image aussi de toute l’équipe d’encadrement des invités venus en privilégiés assister à cet évènement novateur pour le 7è art, fortement appuyé par l’Etat marocain.
Parmi les réalisations qui ont retenu particulièrement l’attention des festivaliers, on citera, essentgiellement, deux films, dont l’un, d’un réalisateur marocain qui pour son premier long métrage a mis en image une œuvre inspirée, dans lequel rêves et réalités se télescopent, s’entrechoquent comme deux éléments qui se bousculent et se frottent l'un contre l'autre. D’un côté, le rêve d’un monde meilleur. De l’autre, le monde tel qu’il est, dans toutes ses frayeurs et ses violences. Au centre, un enfant plen de grâce, touchant, à la recherche d’un nouvel amour parental, porte ouverte vers un nouvel air d'espoir pour l'homme à devenir. « ADIOS CARMEN » de Mohamed Amin Benamraoui est un film d’une profonde sensibilité, précieux dans le moindre détail de sa mise en forme. Tant par son scénario et sa mise en lumière. Le tout dans un espace amazig. Cette œuvre a été couronnée à ce festival de trois prix. A juste titre.
On n’oubliera pas non plus le film turc « LA FOURGONNETTE BLEUE » de Ömer Loventöglu. Le film nous entraine dans un huis-clos, un car de police où sont entassés une dizaine de prisonniers, sans doute des opposants politiques, embarqués pour être jeté dans une nouvelle carcération . Une infirmière de renom sera amenée à les suivre, à veiller à leur « bien-être » durant ce « voyage » de la terreur. Tension, dualité, autorité politique contre devoir de liberté. Le film d’Ömer Loventöglu est vibrant, ne lâche pas le spectateur du début de l’histoire à la fin. Difficile de ne pas y voir un lien entre ces images et la crise politique actuelle en Turquie. Une réalité-fiction parfaitement réussie.
Le film de Clauss Drexel « AU BORD DU MONDE », documentaire touchant, sensible, humain, esquissant des portraits de sans-abris déambulants, la nuit, à Paris le long des quais de la Seine.
Ce festival de cinéma de Nador dédié à la mémoire commune a su développer de façon très accomplie les multiples aspects du monde contemporain, loln des clichés, dans un esprit de totale indépendance et de liberté. Ponctués de débats, sans polémiques. N’hésitant pas à réunir, parmi les invités, des personnalités diverses, pouvant attirer la contestation. Ici, un responsable des Droits de l’Homme en Algérie. Là, une réalisatrice venant d’Israël, devant présenter son film.
Ce moment de plaisir du cinéma partagé, riche en contenus originaux et en créations artistiques, dans un Maroc où la culture est une des principales matières premières, pourrait être appelé à s’étendre au-delà de sa spécificité locale et régionale. Il en a tous les atouts. Et les amateurs du bel art n'en demandent pas moins.
Bernard Koch