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8 janvier 2014

POUR L'AVOCAT DE LA LIBERTE D'EXPRESSION, L'HUMOUR HIDEUX DE DIEUDONNE CONTRE LES JUIFS DEPASSE LES LIMITES

Source : sudouest.fr en ligne le mardi 7 janvier 2014

 

 

L'avocat Richard Malka à propos de Dieudonné : "On ne peut plus faire l'autruche"

 

 

Pour l'avocat, pourtant farouche défenseur de la liberté d'expression, Dieudonné a depuis longtemps franchi  les limites de l'admissible. Il salue l'intervention de l'État

 

 

 

Pour l'avocat parisien Richard Malka, juriste engagé, la liberté d'expression est une liberté fondamentale. Son nom est notamment associé à celui de Charlie Hebdo, magazine satirique qu'il a défendu dans le cadre de l'affaire dite des "caricatures de Mahomet", à celui de la journaliste Caroline Fourest, attaquée par la famille Le Pen, ou même à celui de la crèche Baby Loup, dont il a défendu la philosophie laïque.

Celui qui a par ailleurs accepté de défendre les intérêts - et le droit à la vie privée - de Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire du Carlton, estime cependant que dans le cas Dieudonné, des limites ont été franchies.

SudOuest.fr. Que vous inspirent les dispositions prises dans le cadre de l'affaire Dieudonné ?

Richard Malka. Rappelons tout d'abord que je ne suis pas totalement objectif sur cette affaire. Je suis avocat de Radio France, c'est moi qui ai signalé au procureur les dérapages concernant Patrick Cohen

D'un point de vue juridique, il y a deux problématiques. Celle de la sanction a priori, c'est à dire l'interdiction des spectacles, et la sanction a posteriori. On peut même en considérer une troisième, qui est l'exécution des sanctions a posteriori.

Compte tenu du niveau de violence, de la charge de haine, où en sont arrivées les paroles de Dieudonné, les sanctions a posteriori s'imposent. Elles doivent suivre cette montée en puissance et devenir exemplaires.

L'État, les services du ministère de la justice, doivent tout faire pour faire exécuter ces sanctions. Ne pas les faire exécuter, c'est admettre la constitution d'un nouveau délit, à savoir l'organisation d'insolvabilité. C'est trop facile ! Que quelqu'un qui fait salle comble n'aie pas un euro sur son compte ! Nous sommes dans un cas de fraude massive et évidente. La loi doit donc être appliquée, lourdement, sévèrement, et doit être exécutée.

Pour ce qui est de la sanction a priori, il s'agit d'une problématique beaucoup plus complexe. Je trouve assez courageux et responsable de la part d'hommes et femmes politique, qui parfois se comportent en hommes et femmes d'Etat, de s'être saisis de ce problème qu'on ne peut plus ignorer compte tenu de l'importance qu'il a pris. Et là, je parle de Manuel Valls et de Christiane Taubira. Il est en effet compliqué de faire interdire ainsi des spectacles.

Vous êtes un ardent défenseur de la liberté d'expression, que vous avez défendue dans le dossier Charlie Hebdo. Une intervention de l'Etat ne pose-t-elle pas des problèmes sur ce point précis ?

Elle pose effectivement des problèmes sur le plan de l'éthique. Pour autant, il y a quand même des limites à respecter. L'une d'entre elles est liée au maintien de l'ordre public. Mais il faut aussi considérer la cohésion sociale et la paix sociale, ainsi que le respect de la dignité humaine. Il y a des manifestations comme le "lancer de nain" - où tout le monde était consentant, le public comme le nain - qui ont été interdites parce que leur contenu même était une atteinte à la dignité humaine . Alors même qu'il n'y avait aucun trouble à l'ordre public. 

Peut-on considérer que le contenu négationniste d'un spectacle, contenant des sketches qui ont déjà fait l'objet de condamnations pour incitation à la haine raciale, comme "Shoah Nanas", et des propos consistant à regretter la disparition des chambres à gaz, comme étant respectueux de la dignité humaine ? Je ne le crois pas.

Les situations évoluent, le droit évolue avec elles, le droit n'est pas une matière figée. Il y a là une situation nouvelle qui à mon avis ne s'est pas produite depuis l'après-guerre. Il est possible que le droit s'adapte, que la jurisprudence s'adapte.

C'est un débat, il y a des des avantages et des inconvénients. Est-ce qu'il n'aurait pas fallu interdire Radio Mille Collines lorsqu'elle appelait, également parfois de manière humoristique, au génocide des Tutsi ? 

En donnant autant d'éclat à ces affaires, n'offre-t-on pas à Dieudonné une tribune inespérée ? 

Si, sans doute. Mais il n'est plus temps de se poser cette question-là. Il fallait se la poser les années précédentes. La tribune, il l'avait déjà, tous les soirs, avec des spectacles qui faisaient le plein avec plusieurs milliers de personnes. Il y a un moment où on ne peut plus faire l'autruche. Il faut traiter le problème.

S'il avait eu 150 personnes à ses spectacles, les choses auraient été différentes. Mais là, il a atteint un seuil, une importance, qui imposait une prise en compte par les pouvoirs public. Il fallait clairement réagir. 

 

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